mardi 16 février 2016

Doll (lettre 51)


Mais pourquoi dors-tu parterre Johan ? Est-ce toi qui l'as décidé ? J'ai vu que ton lit est remonté contre le mur… Elle fait grande comme ça ta cellule, j'espère que mes lettres et mes dessins sont comme des ouvertures. Quels sont les textes que tu as accrochés ? Tes recherches sur les phili-kekchoses ?? J'aime vraiment recevoir de tes nouvelles. Un grand merci pour les photos. Vraiment un très très très grand merci ! Moi aussi je vais les mettre dans ma chambre, je te montrerai. 
Lettre arrachée aux mains de la postière qui a encore fait chier. Elle cancane. Je la laisse faire. Original doit être son mot préféré puisque tout dans sa bouche le devient. Ma relation à Charles, à toi, « à ce jeune homme avec des boucles »… M'en fous à la vérité mais il faut passer à travers elle, la supporter. J'ai pensé une minute te donner l'adresse de Charles et puis non… il est vraiment trop bizarre en ce moment – quelque chose se passe… Des cris dans la remise, pas vraiment des cris humains assez aigus, et puis des pas… J'ai l'interdiction formelle d'approcher. C'est un peu effrayant comme ses murmures au téléphone. Dès que ça sonne, il court, se colle au combiné, me demande de sortir de la pièce. Je comprends qu'il veut être seul. Je le dérange, c'est sûr mais il n'a qu'à le dire… 
On verra. 
Quoiqu'il en soit, grâce à ta lettre lue et relue puis mise dans ma poche, plus courageuse peut-être, résolue en tout cas… j'ai parlé à Koch, la gorge nouée c'est vrai mais j'ai quand même parlé. Il avait l'air content. Comme il est pas mal pris, il ne peut pas venir dès qu'il en a envie mais a promis de trouver plein de jours pour qu'on aille dans les bois. On campera, il a dit et puis que je devais savoir monter cette vieille tente parce qu'il n'en a pas d'autre et que je lui apprendrai. Faut donc que je m’entraîne. Aujourd'hui, il pleut, c'est le moment… 

Pour t'écrire, je suis allée dans le patelin à côté, 15 kilomètres. J'ai marché. J'ai un peu mal aux cuisses ; je redoute le moment où il faudra que je me lève. Je te relis, regarde les photos… les lettres mais c'est surtout toi que je vois affalé dans un coin. Le grand air ne te manque-t-il pas ? N'est-ce pas une autre façon d'être seul que d'être un paquet de molécules plus ou moins ordonnées ? En ville, les gens me semblent maintenant tellement ramassés, finis que j'en arrive à les plaindre !

Tu sais, oui, je serai drôlement intéressée si tu me donnais les coordonnées de la perruquière japonaise. De la laine et des tuyaux, ça m'a l'air extra ! J'avais pensé pour mes balades dresser quelques branches souples les unes avec les autres pour en faire un nid ! 

Suis bien curieuse de voir ce que cette femme réalise. 
… 


23 heures… 

Rentrée. 
Je suis toute essoufflée. Tu n'imagineras même pas ce qui est arrivé !!!!! 
(C'est génial mais chuuuuuuut… plus tard, plus tard…)

Énormes bisous, 



Doll. 

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