mardi 16 février 2016

Doll (lettre 53)

Cher Johan, 


une fois la première joie passée… 

Monsieur Henri, le bien-nommé Charles n'est donc pas un psychopathe, c'te bonne nouvelle… pas de sang dans la remise ni de morceaux de corps humain, pas d'appareil à découpe, pas d'instruments bizarres, pas de scalpel (je dois regarder trop de films!)... Rien de tout ça… et pas non plus d'invention extraordinaire, de lunette astronautique, de fragments de météorites… pas d'expérience chimique, physique, pas de monde parallèle, pas de porte dérobée… ou en tout cas pas ici... Non rien… quelques souris et puis de la paille, des petites bouses, un seau d'eau… et puis une corde qu'on avait dû passer à son cou et c'est peut-être pour cela qu'il criait, brayait ? Que j'ai eu un peu peur, ça semblait si humain... On m'aurait dit que… enfin je l'aurais cru, j'aurais douté bien sûr mais ce cri… il reste dans mes oreilles et même si je vois le corps dont il venait, il reste… Bon… !!
C'est un âne, le mien, un âne, un bébé qui va vite grandir me dit-on ; j'espère pas trop vite non plus. Un âne. Un Equus asinus ! Voilà ! 

… une fois la joie passée, je suis comme d'habitude pleine de questions, tu commences à me connaître ! Je ne sais pas comment on prend soin d'un âne, je vais devoir l'apprendre, qu'est-ce que ça mange et aime faire ? Comment ça dort et combien de temps ? De quoi aura-t-il besoin ? Des caresses ? Il est vraiment encore tout petit et tout seul… non ? Et puis moi, ça veut dire que je ne peux plus retourner en ville (enfin pour y vivre…) car que ferai-je de lui ? Jamais je ne l'abandonnerai. Non. Et puis va-t-on bien s'entendre ? Va-t-il bien m'aimer ? Sera-t-il content d'être avec moi ? Imagine l'enfer si ça ne marche pas entre nous et que… je préfère pas encore y penser même si j'y pense… et que … 
Il n'a toujours pas de nom. Il pleut sans arrêt, c'est mortel. Il y a dans le champ un abri qu'il peut utiliser mais j'ai quand même demandé hier soir à Charles si nous ne pouvions pas installer la remise pour lui faire une maison. Il serait plus près de moi et nous ne serions pas obligés de bouffer toute cette eau très froide.  Je m'occuperai de lui un peu toute la journée et une partie de la nuit si nécessaire… Oui… je vais faire ça… une maison pour l'âne sans nom. Une maison ! 

Ce matin, je suis face à un grand bol de café, mon ordinateur tout à côté. Et je t'écris. Une fois encore, je suis certaine que tu aurais plein d'idées, que cette histoire t'en rappelle forcément une autre, je suis certaine que toi, tu sais toujours quoi faire en toutes occasions ou que tu trouves tout de suite le mieux à faire… 

Charles dort encore. Je me souviens plus si je lui ai dit merci. A toi aussi, je devrai dire merci. Merci merci merci merci !

Je t'embrasse très fort 


Doll



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