lundi 21 décembre 2015

Doll (lettre 8)

Mon très cher Johan,
quelque chose a changé ce lundi, j'attends tes lettres. C'est mon jour de congé. J'ai pris le train pour aller à la poste avec cette petite clé attachée à mon trousseau entre les clés du magasin et de l'appartement. Elle fonctionne, nous n'avons aucune inquiétude à avoir. La postière a été contente de me revoir bien qu'étonnée que je sois déjà là, à l'ouverture de la poste alors que ma boite ne pouvait qu'être vide. J'ai prétexté avoir envie de profiter de mon congé pour voir du pays. Je suis vraiment contente d'avoir cette boite qui peut contenir au moins 1000 lettres ! Une de toi fera de moi la plus heureuse du monde. Souviens-toi que c'est notre secret. Je ne parlerai de ma boite à personne d'autre même si personne ne m'écrit, aucun autre homme en tout cas quoiqu'il arrive et arrivera. Elle est un peu à nous.
J'en ai profité pour regarder le village. En 10 minutes, j'en avais fait le tour. Il est mignon. Il n'y a que de toutes petites maisons basses d’ un étage au plus, construites avec des pierres de la région ou du préfabriqué. A la sortie, il y a une sorte de campement avec des caravanes. Je n'ai pas osé trop m'approcher. J'y ai vu des gens qui étaient installés sur des chaises et qui écoutaient de la musique. J'ai aussi voulu aller dans un champs mais j'ai eu peur que les barbelés déchirent ma robe. Je suis restée sur le bord de la route et puis je suis retournée à la gare. Je ne suis jamais allée très loin. Toi tu me donnes l'impression d'avoir beaucoup voyagé. Est-ce que je me trompe ? En tout cas, j'ai tout de suite eu cette impression que tu connaissais plein de choses et que tu en avais vu plein, que tu avais eu plein d'expériences, rencontré plein de gens.  C'est intimidant pour moi.
En ce moment, je regarde beaucoup de séries le soir. J'aime bien celles où il y a des super-héros… j'aime les héros qui se battent. C'est drôle. Suis peut-être un peu folle mais je me demande si on n'aurait pas tous un héros qui dort en nous et qui serait capable de se réveiller ? C'est en tout cas l'idée que j'ai eue avant de m'endormir que tu étais peut-être un héros.
Me demande comment tu vas. Je me soucie. Tant d'idées circulent sur la prison. Et si tu t'étais battu et que tu ne pouvais pas m'écrire ? Es-tu à l'infirmerie ?
Plus que quelques jours peut-être avant de recevoir une lettre, je me raisonne ainsi.
Je t'embrasse,
Doll.

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