Mon très cher Johan,
quelque chose a changé
ce lundi, j'attends tes lettres. C'est mon jour de congé. J'ai pris le
train pour aller à la poste avec cette petite clé attachée à mon
trousseau entre les clés du magasin et de l'appartement. Elle
fonctionne, nous n'avons aucune inquiétude à avoir. La postière a été
contente de me revoir bien qu'étonnée que je sois déjà là, à l'ouverture
de la poste alors que ma boite ne pouvait qu'être vide. J'ai prétexté
avoir envie de profiter de mon congé pour voir du pays. Je suis vraiment
contente d'avoir cette boite qui peut contenir au moins 1000 lettres !
Une de toi fera de moi la plus heureuse du monde. Souviens-toi que c'est
notre secret. Je ne parlerai de ma boite à personne d'autre même si
personne ne m'écrit, aucun autre homme en tout cas quoiqu'il arrive et
arrivera. Elle est un peu à nous.
J'en ai profité pour regarder le
village. En 10 minutes, j'en avais fait le tour. Il est mignon. Il n'y a
que de toutes petites maisons basses d’ un étage au plus, construites
avec des pierres de la région ou du préfabriqué. A la sortie, il y a une
sorte de campement avec des caravanes. Je n'ai pas osé trop
m'approcher. J'y ai vu des gens qui étaient installés sur des chaises et
qui écoutaient de la musique. J'ai aussi voulu aller dans un champs
mais j'ai eu peur que les barbelés déchirent ma robe. Je suis restée sur
le bord de la route et puis je suis retournée à la gare. Je ne suis
jamais allée très loin. Toi tu me donnes l'impression d'avoir beaucoup
voyagé. Est-ce que je me trompe ? En tout cas, j'ai tout de suite eu
cette impression que tu connaissais plein de choses et que tu en avais
vu plein, que tu avais eu plein d'expériences, rencontré plein de gens.
C'est intimidant pour moi.
En ce moment, je regarde beaucoup de
séries le soir. J'aime bien celles où il y a des super-héros… j'aime les
héros qui se battent. C'est drôle. Suis peut-être un peu folle mais je
me demande si on n'aurait pas tous un héros qui dort en nous et qui
serait capable de se réveiller ? C'est en tout cas l'idée que j'ai eue
avant de m'endormir que tu étais peut-être un héros.
Me demande
comment tu vas. Je me soucie. Tant d'idées circulent sur la prison. Et
si tu t'étais battu et que tu ne pouvais pas m'écrire ? Es-tu à
l'infirmerie ?
Plus que quelques jours peut-être avant de recevoir une lettre, je me raisonne ainsi.
Je t'embrasse,
Doll.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.