mercredi 16 décembre 2015

Doll (lettre 4)

Mon cher Johan, C'est dingue  comme une journée passe vite. Il y a eu un monde fou au magasin toute la journée, c'est souvent comme ça quand on change de saisons. Tout à coup tout le monde se précipite. J'ai dû au moins sortir et remballer 300 paires de bottes, sans parler de bottines et des chaussures plus traditionnelles. Pour les bottes, c'est usant, elles ne vont jamais à personne. C'est le problème des trucs standards, ça ne va jamais vraiment à quelqu'un à moins d'être taillé selon une norme unique. Pour les bottes, c'est carrément visible : soit le mollet est trop gros, trop maigre, soit la cheville est  trop fine ou trop épaisse, le coup de pied trop accentué, le pied trop large ou pas assez… Ça n'empêche pas de vendre mais je vois bien que toutes ces femmes repartent pas satisfaites, elles boudent, c'est encore moi qui prends. Je n'ai pas eu un seul sourire aujourd'hui. Et puis ces boites sont lourdes, la remise étroite. Tous les jours je me cogne et cet après-midi, plein de boites dans les bras (il faut tout le temps ranger), j'ai encore bien failli tomber de l'échelle. J'ai un gros bleu au poignet qui me fait mal. Parfois, je me dis que ce travail ne durera qu'un temps et que j'aurais bien une autre vie plus tard. Il y a un mois tu m'aurais demandé ce que je voulais faire, je t'aurais peut-être dit que j'aimerais avoir ma propre boutique. Je l'avais déjà complètement imaginée mais aujourd'hui, je n'en suis plus certaine. Ma mère me disait tout le temps : Ma fille, tu ne sais pas ce que tu veux ! », que j'étais trop rêveuse pour avoir quoi que ce soit. Pourtant, je t'assure que je ne souhaite pas du compliqué et puis ce n'est pas avoir que je veux mais être, de l'être, de l'âme, de l'esprit ! De l'enchantement ! Du simple. Que penses-tu de cela, toi Johan ? Tout me semble riquiqui ce soir.
Je t'en prie, ne m'en veux pas ! J'étouffe et ne pense qu'à moi alors que toi tu es enfermé dans une pièce toute noire ! Comment est-elle ? Est-ce vrai que les murs sont plein de graffitis, qu'il y a des bâtonnets sur les murs pour compter les jours ? Mon frère n'a jamais voulu me raconter. Il est parfaitement idiot. Bon… je dis cela mais c'est parce que ça sent l'hiver même s'il ne fait pas encore bien froid. En automne, tout tombe et je me sens comme une feuille qui n'en finit pas de se détacher de son arbre ! Vivement le printemps…
Suis à la maison. J'ai changé les draps du lit et je vais faire une petite soupe. C'est tout. Comment vas-tu ? Je pense à toi.
Doll.

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