Ma très chère Doll,
je ne t'ai pas écris ces derniers
temps car j'ai beaucoup voyagé. Comme le docteur Faustroll, j'ai
traversé par voie maritime une ville loin des côtes. Aucun singe ne
m'accompagnait, hélas, mais des insectes, des extra-terrestres, une
femme/homme, une poupée gigantesque en poils de mouton, une femme
coupeuse de tête. J'ai marché des nuits entières en suivant l'ombre des
arrêtes d'un petit hypercube qui pend au carreau de ma cellule. Mais
j'en ai presque fait le tour et j'ai à nouveau du temps pour penser à
toi.
A toi… et à une maisonnette, près d'une voie ferroviaire.
Ecouter la voie des trains en observant les aliens qui fourmillent dans
le petit buisson qui nous sépare des rails.
Tu devrais faire un dessin.
Est-ce que l'autoroute passe de l'autre côté du jardin ? C'est comme ça que je l'imagine, moi.
Je
vais essayer d'être plus loquace que dernièrement, pour tenir chaud à
ta jambe droite, c'est l'hiver, le chantier du Musée est fermé, même
sans neige.
Si tu habitais dans ce village, l'odeur de ton
propriétaire te suivrait encore quelques jours, mais après une semaine,
deux peut-être, elle commencerait à disparaître. C'est faux qu'on ne
peut pas oublier une odeur. On peut tout cacher dans sa mémoire.
Ensuite, il suffit d'éviter de s'approcher de toute personne qui a les
mêmes traits que ton proprio.
Tu veux une photo de moi ? Je peux t'en
envoyer 7. Un ami vient me voir chaque semaine. Il m'observe à travers
la fenêtre de ma cellule et fait un tableau. Plus tard, peut-être, je
t'enverrai aussi les dessins que j'ai fait sur les murs. Ce ne sont pas
des murs. Si je le veux, c'est du vide. Ou un paysage. Ce sont des
éléments de décors que je déplace à ma guise. Mes murs sont un trou dans
l'espace. Je suis libre. Je t'ai rendu visite, une ou deux fois, tu ne
m'as pas vu, tu étais occupée à vendre des godasses à un mère et ses
enfants obèses.
C'est pas grave.
Comment va ta postière ? Tu l'as
beaucoup vue ces derniers temps ? Pense à lui offrir un cadeau de noël,
c'est la postière le vrai chef, elle connaît forcément tout-le-monde au
village.
J'aurai peut-être bientôt un ordinateur dans ma cellule. Je
n'aurai plus besoin de t'écrire à la main. Si en plus j'ai droit à une
imprimante-couleur, tu pourras continuer à me lire en rouge sur fond
bleu, mais ce sera plus lisible.
Avant de trop insister pour avoir ce
privilège, je veux être sûr de pouvoir garder ma boite de néocolors,
j'ai un travail important à finir. Plus que 19 semaines ! Le temps passe
très vite, je suis débordé, il y a tellement de choses ! C'est
vertigineux.
Je t'embrasse,
Johan
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