jeudi 28 janvier 2016

Réponse Johan

Ma très chère Doll,

Je suis infiniment heureux. Je commence enfin à te comprendre.
Tes dessins étaient une étroite ouverture sur ton être, mais depuis ta lettre n°33 et les suivantes, j'ai l'impression qu'un voile s'est déchiré, finalement, tu arrêtes de te cacher.
Si je t'écris peu, c'est parce que je veux te lire pour de vrai, en profondeur.
Et enfin tu te livres.
Avant, je ne te connaissais pas, j'étais face à une inconnue sortie d'un carton de chaussures – qui se fait nettoyer la peau chez des esthéticiennes - qui s'est enchaînée le cou avec une clef – qui reçoit ses amis au long nez en peignoir rose – qui mange invariablement des sandwichs, de la soupe ou du poulet – qui apprécie les cailloux et parfois les arbres...
Enfin tu m'apparais et ça me plaît. 
Tes amis me plaisent, surtout Koch et Charles, ou est-ce Henri ?
J'aime que des pélicans t'arrachent la peau, c'est un signe de mutation.
Si j'étais ton psy je dirais : « Mademoiselle, vous êtes en bonne voie de guérison »
Doll, tu m'apparais comme une géante alors que je t'ai rencontrée naine.
J'aime les géants. Je suis dans ma semaine « macrophilique »
A l'attaque !
Je n'en dirai pas plus aujourd'hui, je veux être sûr que ta chrysalide est bien cassée, et je ne veux surtout pas t'influencer dans un moment si radical.
J'attends avec impatience ta prochaine lettre.

Johan 

P.S : Une seule chose m'inquiète ; tu avais raison dans ta lettre n°31 pour le cerbère méchant et ventripotent. Il existe.
Il a dû subtiliser une lettre et un dessin. Le dessin qui devait accompagner la 30ème lettre ne m'a jamais été livré, et pire, il a volé la lettre n°35, la meilleure ! Forcement.
La seule lettre que j'attendais avec une réelle impatience. La lettre où tu te livres entièrement. 
Il y a aujourd'hui un trou dans ma cellule, un trou entre la lettre n°34 et n°36.
Mais ce trou n'est pas une fenêtre, c'est un barreau supplémentaire. 
Ce trou est la pierre qui scelle ma détention.
Je ne sais plus quoi faire, je ne peux plus me projeter.
A 13 semaines de ma libération, je ne me suis jamais senti aussi entravé.



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